Chiens catégorisés : faut-il en avoir peur ?

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Ces chiens que l’on dit dangereux : décryptage de la loi et idées reçues

En France, certains chiens sont « dits dangereux » et à ce titre ils sont catégorisés. Cette appellation soulève souvent des inquiétudes, voire des peurs injustifiées, d’autant que leur propriétaire doit obtenir un permis pour les détenir.  Pourtant, ces chiens, comme n’importe quels autres, ne naissent pas « dangereux ». La loi du 20 juin 2008 encadre strictement leur détention, mais peu de gens savent vraiment ce que cette réglementation implique. Alors, qu’est-ce qu’un chien catégorisé ? Pourquoi une telle loi ? Et surtout, faut-il vraiment avoir peur de ces chiens ? Faisons le point pour mieux comprendre et casser les idées reçues.

La loi du 20 juin 2008 : de quoi parle-t-on ?

Adoptée pour renforcer la sécurité publique tout en responsabilisant les maîtres, la loi du 20 juin 2008 encadre la détention de chiens dits « dangereux ». Elle divise ces chiens en deux catégories :

  • Catégorie 1 : les chiens d’attaque, non inscrits au LOF. Parmi eux, on retrouve des chiens ayant une ressemblance morphologique avec les « pitbulls », « boerbulls » ou « tosa ».
  • Catégorie 2 : les chiens de garde et de défense inscrits au LOF (Livre des Origines Français). On y retrouve des races comme l’American Staffordshire Terrier et le Rottweiler.

Ce classement repose sur des critères morphologiques définis par la loi pour la catégorie 1, et sur la race ou le type pour la catégorie 2.

 

Ce que prévoit concrètement la loi

Depuis 2008, les propriétaires ou détenteurs de chiens de catégories 1 et 2 doivent :

  • Posséder un permis de détention délivré par le maire de la commune de domicile du chien sur présentation de documents précis (identification, vaccination, évaluation comportementale, assurance spécifique, formation du propriétaire ou détenteur)
  • Respecter certaines restrictions : les chiens de catégorie 1 sont interdits dans les transports en commun, lieux publics (sauf voie publique) et locaux ouverts au public.
  • Tenir le chien muselé et en laisse sur la voie publique, quelle que soit la catégorie.

 

Quel est l’objectif de cette loi ?

Cette loi vise avant tout à :

  • Sensibiliser les propriétaires à l’importance de l’éducation et de la socialisation.
  • Prévenir les accidents par morsures liés à des comportements à risque de certains maîtres souvent dûs à une méconnaissance du chien.
  • Responsabiliser : en instaurant des formations et des évaluations comportementales, on met l’accent sur la prévention plutôt que sur la répression.

L’idée n’étant pas de « punir » certains chiens ou certains maîtres, mais bien de garantir une cohabitation sereine entre tous.

 

Chiens catégorisés : des chiens comme les autres ?

Contrairement à certaines idées reçues, les chiens catégorisés ne sont pas plus « agressifs » ou « mauvais » que d’autres. Ce sont des chiens puissants, c’est vrai, mais leur comportement dépend essentiellement de leur éducation, de leur environnement et de la responsabilité de leurs maîtres.

Les professionnels du comportement canin s’accordent à dire qu’un chien bien socialisé et éduqué dès son plus jeune âge, quelle que soit sa catégorie ou sa race, n’est pas plus dangereux qu’un autre. D’ailleurs, nombre de chiens catégorisés vivent en parfaite harmonie avec des familles, enfants compris.

En somme, ces chiens ne sont pas à blâmer, c’est l’encadrement humain qui est crucial.

 

Que font les autres pays ?

De nombreux États ont mis en place des réglementations similaires à celle de la France, bien que ciblant parfois des races différentes. En effet, la liste de ces chiens considérés comme « potentiellement dangereux » varie d’un pays à l’autre. Ce qui est interdit ou encadré en France, ne l’est pas forcément ailleurs, et vice-versa.

📌 Focus : La réglementation dans le monde ?

La France n’est pas une exception : de nombreux pays ont également mis en place des lois encadrant la détention de certaines races ou types de chiens considérés comme « potentiellement dangereux ». A travers le monde, une quinzaine de races sont concernées. Voici quelques exemples :

  • Allemagne : la détention de certaines races comme le Pitbull ou le Staffordshire Bull Terrier est strictement encadrée et peut être interdite selon les Länder.
  • Espagne : la « Loi sur les chiens potentiellement dangereux » impose muselière et permis de détention pour certaines races comme le Rottweiler ou le Dogo Argentino.
  • Royaume-Uni : le « Dangerous Dogs Act » de 1991 interdit certaines races, comme le Pitbull et le Dogue Argentin.
  • Danemark : depuis 2010, plusieurs races sont interdites, notamment l’American Staffordshire Terrier et le Tosa Inu.
  • Australie : plusieurs États limitent la possession de certaines races comme le Dogo Argentino ou le Fila Brasileiro.
  • Canada : L’Ontario a règlementé la détention de l’Amstaff et du Pitbull.

Malgré la mise en œuvre de ces lois, les études démontrent que le nombre de morsures n’a pas significativement diminué dans de nombreux pays concernés. C’est précisément ce constat qui a conduit certains États, comme les Pays-Bas et l’Italie, à abroger leur législation de catégorisation dès 2009, la jugeant inefficace dans la prévention des morsures.

Ils ont ainsi choisi de privilégier des stratégies plus globales, axées sur la prévention, la sensibilisation et la responsabilisation individuelle des propriétaires, quelle que soit la race ou le type de chien.

Car au fond, la question se pose : peut-on sérieusement considérer que le Dogue Argentin par exemple serait dangereux en Angleterre, mais pas en France ? De même le Rottweiler serait dangereux en France et pas en Angleterre ! Cette incohérence illustre bien la difficulté, pour les législateurs de tous horizons, à décréter qu’une race serait, en soi, plus dangereuse qu’une autre. Des études italiennes ont d’ailleurs mis en évidence qu’aucune preuve scientifique ne permettait de relier l’agressivité potentielle d’un chien à sa race ou son type morphologique.

 

La vérité est ailleurs : ce n’est pas la race qui fait la dangerosité.

Le contexte de vie dès la naissance, un manque de socialisation, un environnement stressant ou violent, une éducation incohérente ou inexistante, un manque de connaissances du propriétaire, voilà ce qui constitue les véritables facteurs de risque.

Un manque d’accompagnement ou une absence de prise de conscience de la part de certains humains, parfois dépassés, parfois culpabilisés par leur entourage, n’osant pas demander de l’aide, ou simplement mal informés, aboutissent souvent à des situations dramatiques.

Conclusion :

Les chiens « dits dangereux » et catégorisés souffrent encore d’une image négative souvent injustifiée. La loi du 20 juin 2008 met l’accent sur la responsabilité humaine et sur la prévention.

Un chien est un chien. Et s’il est vrai que certaines races ont un potentiel de dangerosité plus élevé que d’autres, de par leur morphologie et leur tempérament, la connaissance et la responsabilité de leur détenteur peuvent clairement faire la différence, quelle que soit la race ou le type.

C’est pourquoi une approche préventive plus globale serait bénéfique me semble-t-il. Plutôt que de cibler certaines races, il serait plus pertinent d’imposer à tous les détenteurs d’animaux, qu’il s’agisse de chiens, de chats, de NAC ou autres, une formation de quelques heures (pratique et théorique). Celle-ci permettrait d’aborder les besoins spécifiques de l’animal concerné, son éducation (pour les chiens), ainsi que l’organisation de son environnement et de son quotidien. Une telle mesure contribuerait non seulement à réduire les risques d’accidents et de morsure, mais aussi à prévenir les abandons et les maltraitances involontaires liées à l’ignorance.

En étant mieux informés, nous pouvons tous contribuer à un regard plus juste et bienveillant sur ces chiens, qui, comme les autres, demandent simplement respect, éducation et amour.

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Dominique van Spaandonk

Dominique van Spaandonk est spécialisée dans le comportement canin et la relation Chien/Humain depuis plus de 25 ans et exerce dans le Sud-Ouest de la France. Elle a fondé le Centre Canidom en 2009, suite à l’encouragement de plusieurs cliniques vétérinaires locales. Dominique propose ses services de comportementaliste canin en s’appuyant sur des méthodes positives et bienveillantes, associées à de solides connaissances en éthologie.

Canidom vous propose un diagnostic offert

Le Centre Canidom vous propose un entretien préalable, avec votre chien et en compagnie de tous les membres du foyer qui souhaitent venir (conjoint, enfants). 

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Titre 2

Texte d’introduction

Corps de texte

Exemple pratique :

ou

Bon à savoir :

 

Corps de texte (suite)

Conclusion :

 

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Dominique van Spaandonk est spécialisée dans le comportement canin et la relation Chien/Humain depuis plus de 25 ans et exerce dans le Sud-Ouest de la France. Elle a fondé le Centre Canidom en 2009, suite à l’encouragement de plusieurs cliniques vétérinaires locales. Dominique propose ses services de comportementaliste canin en s’appuyant sur des méthodes positives et bienveillantes, associées à de solides connaissances en éthologie.

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